dimanche 30 août 2009

Nous voila de retour à la maison

12h23, jeudi 28 Août 2009, l'airbus A320 de la compagnie Turkish Airlines pose son train d'atterrissage sur le tarmac de Lyon Saint Exupéry. Nous venons de parcourir 6500km en 10h avec escale... ça va trop vite!
Quel beau voyage! Ces 3500km à vélo couché, 4 pays traversés en presque 11 semaines nous ont fait découvrir de magnifiques paysages, des cultures dépaysantes et intéressantes et rencontrer des gens charmants. Nous rentrons avec plein de jolis souvenirs à partager et une seule certitude : les vélos couchés ca passe partout...
Nos 70 jours de vie nomade nous ont conquis, il est temps de reprendre notre vie sédentaire... avec un oeil nouveau... sur une prochaine destination!

Vallée de la Karakol ou bouclons la boucle

A Kochkor nous nous sommes arretes à "l'hotel", pour nous laisser le temps de reflechir à la route de retour. A priori 2 possibilités s'offrent à nous: reprendre la route du lac Issy Kul, s'y arreter faire la crepe 1 journée sur les plages et prendre l'affreuse route tres circulante de Balichi à Bishkek ou s'aventurer plus à l'ouest pour passer un col, le col Kegeti, au sud de Bishkek. La premiere solution ne nous emballe pas trop surtout que, nous l'apprendrons plus tard mais nous le soupçonions, les kirghizes achetent leurs permis et roulent avec des grosses voitures allemandes, nous avons déjà failli mourir sur la route Bishkek-Balishi, rien ne nous motive à retenter l'expérience. La deuxième solution est plus risquée car les jours sont comptés jusqu'à l'avion de retour et nous n'avons pas reussi à savoir si le col passait!
A cette halte nous avons decouvert le fameux "bania", sauna d'Asie Centrale. Assez terrible comme sensations comparées aux 500ml d'eau au fond de la bassine que nous nous sommes accordés pour la toilette quotidienne ou à l'eau glacée des rivières! L'expérience en vaut la peine. Plus propre que jamais, nous voici donc repartis de Kochkor pour rejoindre Bishkek par le col Kegeti à 3800m d'altitude. Nous comptons 2 jours pour atteindre le pied du col, 1 journée pour le gravir... ensuite, si ça passe, nous avons largement le temps d'atteindre la capitale. Si ça ne passe pas, le plan B est de faire demi tour par la même route, atteindre les bords du lac au plus vite et prendre le train pour Bishkek pour arriver juste à temps pour l'avion.
Apres une journée de route défoncée, inconfortable et rude pour la mécanique (il ne s'agit pas que le porte bagage nous joue des tours, nous n'aurions pas le temps de réparer), enfin une piste s'étend devant nous. L'ambiance dans les villages que nous traversons, bien que séparés que de quelques kilometres, est tres differente de l'un à l'autre. Ici les gens sont souriants, accueillants et nous offrent le thé et le casse croute, là ils font la tête et sont indifférents à nos bonjours et autres signes de la mains.
Mais partout c'est l'époque des foins et on s'active à faucher (à la main), monter des meules et rentrer la récolte.
Nous sommes en temps voulu au pied du col. Juste là au croisement des pistes est plantée une yourte où les habitants nous proposent de venir se réchauffer du vent glacial qui descend des glaciers tout proches. Moment de convivialité et d'échange autour d'un thé. Nos hotes nous mettent en garde, il faudra pousser ou porter le vélo pour passer le col! Pousser nous savons faire, porter nous l'imaginons vraiment galère! Alors il est temps de remettre en route "la machine à élaborer des plans". Dans ce voyage, nous nous sommes aperçus que cette machine fonctionne très (voir trop) bien et nous sommes rapidement faces à de nombreux plans, le plus difficile est de décider lequel choisir... Demi-tour: pfffff, la route est trop mauvaise. Monter le col: si ça ne passe pas c'est demi-tour, si ça passe.... on se saura jamais! Nous optons pour pousser encore plus vers l'ouest et terminer la boucle par la grande route Bishkek-Osh. Nous jouons encore plus avec le temps, nous n'aurons pas le choix il faudra avancer si nous voulons attrapper notre avion. Et bien nous en a pris. Les paysages sauvages que nous traversons nous emerveillent, les 2 cols à 3500m ravissent nos jambes (même quand il faut passer le névé sommital, en sandale, les pieds dans la gadouille !) et la derniere descente de 50km de long vers la plaine de Bishkek nous grise (A nous de doubler camions et voitures!).Un 69eme et dernier bivouac entourés d'usines désafectés et finalement nous arrivons à Bishkek une demie-journée plus tot que prévu. Il est temps de chercher des cartons pour les velos et commencer le démontage de nos vaillantes montures.

vendredi 21 août 2009

pour les grenoblois concernes ...

rajout d'une photo de mes doigts de pied a l'air dans le message "speciales dedicaces"...
Un grand merci
Fanny

Au milieu des jailoos : une vraie etape VTT couche


Apres notre col a 4000m, nous avons decide de ne pas profiter des presque 60km de descente sur la piste de la mine qui nous auraient ramenes au bord du lac Issy Kol mais plutot de poursuivre notre tour vers l'ouest et de realiser une grande boucle qui nous fera decouvrir un autre visage du Kirghistan : apres le lac-mer, la haute montagne, nous allions rejoindre les jailoos (paturage de haute montagne, peuples de vaches, de moutons et de quelques kirghises). Pour nous cela revenait a passer un premier col a 3800 m (le col Ara-Bel) pour passer du plateau a la vallee de la Burkan. La nuit passee la haut restera assez memorable. On se pose a la tombee de la nuit, a moitie congeles, et conscient que le seul malheureux rocher que nous avons trouve sur le plateau et contre lequel nous avons blotti notre tente ne sera sans doute pas suffisant pour nous proteger du vent glacial et du gresille qui se met a tomber. Et vivent les duvets Valandre et notre chere Hubba Hubba ( c'est notre maison depuis quelques semaines). Finalement on n'aura meme pas froid la nuit. Au matin, Borisgaspard, qui s'est gentillement porte volontaire pour garder les velos, nous avoue qu'il n'a pas eu chaud. Tente, velos et bouteilles sont geles, mais le soleil aidant tout est en etat de marche assez rapidement (a 9h).
Les paysages que l'on decouvre ce jour la et la descente sur la vallee de la riviere Burkan, rivalise de loin avec des paysages des Ecrins, meme si toute comparaison est a proscire. Le sentier est une piste ou d'apres les criteres kirghises un 4x4 doit pouvoir passer (enfin peut etre) et qui se transformera en sentier a vache plus bas. Les glaciers nous font face et au fur et a mesure de la descente les fleurs reapparaissent, puis les animaux et enfin les yourtes. Le tout est vraiment magique. Ajoutez a cela que nous ne croiseront pas ame qui vive avant le soir et vous aurez peut etre une petite idee de notre etat d'esprit apres cette etape de reve (seules ombres au tableau : - nous n'avons effectue que 30km dans la journee, passe 12 rivieres (dont certaines les pieds au sec, mais pas d'autres), pour 5h de pedalage effectif et quelques 8h sur les velos ! Pour rejoindre la "route" et boucler notre tour, il reste plus de 130 km et nous sommes assez juste en vivre ! - mon porte bagage n'a encore pas supporte la descente un peu sollicitante pour la mecamique et menace de rendre definitivement l'ame ). Une ultime (esperons) reparation a la corde magique nous permettra de rallier le petit village d'Archaly au milieu de nulle part et d'y faire un ravitaillement en nourriture. Hereusement des locaux nous offrirons 1/4 de litre d'essencepour notre rechaux qui commencait a etre dangereusement vide. Encore un col a 3400m et la descente nous ramene petit a petit a la civilisation juste a la grande route et la circulation de chauffards.

Objectif 4000

Le 15 aout, nous nous reveillons apres un superbe bivouac un peu en surplomb du lac Issy Kol, sans moustique, avec un superbe ciel etoile la nuit et le soleil le matin... Nous sommes au pied du mur. Il nous faudra quelques heures encore pour recueillir les informations techniques indispensables a une etape d'alpinisme a velos couches : oui le col que nous prevoyons de passer est accessible en ce moment ( au moins aux pietons et aux chevaux... la categorie velo couche n'est pas encore homologuee ici), la neige qui tombe regulierement ne tient jamais longtemps, il y a de l'eau en abondance sur le chemin... Tout va bien ( on apprend par la meme occasion que le col precedent, que nous avions projete de franchir et dont on nous avait detourne, passe tout aussi bien ;-( tant pis). A midi on commence a grimper le long de la riviere Barskon, sur une piste impressionnante, du jamais vu jusque la : large, plate, dure, sans la moindre tole ondulee. Elle mene en fait a la mine Kumtor, la 8eme plus grande mine d'or du monde, perchee a 4200m d'altitude. Et comme l'or et bien ca rapporte des sous, les canadiens qui l'exploitent ont trouve utile de faire passer une niveleuse sur la piste tous les matins ! Le bonheur pour les cylcistes ( sauf quand il pleut trop, on l'apprendra a nos depends.) Une premiere journee sans histoire, un rythme regulier et 1800m de denivele positif. Le paysage est impressionnant et tres changeant (jolie vallee d'abord assez verte et boisee, des cascades ... puis un paysage plus caillouteux, moins hospitalier). En personnes raisonnables que nous sommes, nous avons suivi tous les conseils que nous avions recu et pose le bivouac vers 3400m d'altitude afin de nous acclimater et de ne pas etre sujets au mal des montagnes (raison ou superstition?). Nuit paisible pas tres chaude. Au matin, il pleut, a 10 heures, il pleut toujours et a midi et bien il pleut encore. Nous attendons patiemment une fenetre meteorologique plus clemente pour nous lancer dans notre ascencion : les quelques coups d'oeil jetes hors de la tente, nous on en effet appris que la pluie se transformait en neige une centaine de metres au dessus de nous, il nous en reste 600 a gravir! En debut d'apres midi, lors d'une acalmie, nous levons le camp. La piste est devenue tres tres boueuse, apres le passage d'une dizaine de camion de la mine et malgre l'action de la niveuleuse qui ferme la marche du convoi. On transporte avec nous quelques kilos de terre et de cailloux coinces dans les garde boue et meme dans les gaines de chaine pour Joachim. Peu a peu la pluie se remet a tomber, puis la neige et nous passons le col Barskon (3750m) sous une veritable tempete. Les quelques rares voitures que nous croisons n'en croient pas leurs yeux. Il nous faudra une bonne heure pour traverser un plateau qui s'avere joli lorsque la tempete s'arrete et que les nuages se dissipent. Nous sommes congeles et nous hesitons a continuer ou monter la tente pour nous rechauffer. Mais ouf, le soleil apparait et nous nous rechauffons. Nous allons pouvoir realiser l'ascencion de notre objectif final. L'approche du col coince entre une succession de glaciers est magnifique. Il est environ 17h quand nous atteignons le col Sook, a 4021m.Les velos ont reussi!
A l'attention des medecins et autres personnels medicaux ;-), les montures n'ont ressenti aucun effet nefaste dus au manque d'oxygene! Bon d'accord certains coups de pedale, sur la piste, enfin le chemin, que nous suivons a la fin, coutent plus que d'autres... mais c'est juste que ca monte raide.
Heureux nous redescendons par le meme chemin et bifurquons vers le col Ara-bel. Ce soir nous posons le bivouac a 3800m d'altitude.

Les eaux turquoises (et les orages ;-) de la rive sud du lac Issy Kol: detente et hesitations


Recit plus detaille a venir : juste un petit apercu des paysages rencontres lors de cette etape de presque bord de mer.

On a presque honte du peu de km parcourus pendant ces 4 jours au bord du lac : un peu d'indecision quant a la suite du periple vu les orages violents, les infos comme quoi le col prevu ne passe pas a cause des chutes de neige recentes, que le suivant non plus, d'une nouvelle casse de porte bagages mais aussi des eaux turquoises et chaudes, du soleil et de jolies plages qui nous font del'oeil... tout cela fait qu'on a profite un peu plus que prevu de ce haut lieu de villegiature kirghise ;-)

Du lac Issy Kol a la vallee de la Burkan: a 4000m a velo couche

Le lac Issy Kol, deuxieme plus grand lac alpin au monde (70km de large, 170km de long a 1600m d'altitude), est entoure de chaines de montagnes hautes de 4000m (visibles quand les nuages veulent bien se dissiper entre 2 orages: les locaux disent que le temps est imprevisible cette annee et tres pluvieux, voire neigeux vu l'altitude). Les plages sont petites mais jolies et l'eau est bonne et turquoise.

La vallee de la Burkan: magnifique vallee sauvage, trouvee un peu par hasard mais qui s'est trouvee etre l'itineraire logique pour boucler notre petite boucle kirghize apres un col a 4000.

Le col Sook, un col a 4021m, qui donne acces a une zone frontaliere militaire soumise a autorisation. Un moyen de savoir si nos monture etaient sensibles a la rarefaction de l'oxygene et un beau petit challenge pour les pilotes...



Nouvelles de Kochkor, premiere petite bourgade rencontree sur notre retour vers Bichkek apres les hautes altitudes.